Analyse et production de rapports

2. Bonnes pratiques pour structurer et rédiger un rapport

L’enquête OSINT ne s’arrête pas à la collecte ni à l’analyse.
👉 Elle doit produire un livrable exploitable : le rapport.

Et là, la question change :

Comment transformer une investigation fouillée en un document utile, lisible et conforme aux attentes de son destinataire ?

Dans un contexte professionnel, le rapport OSINT peut être lu par :

  • un commanditaire non technicien,

  • un décideur pressé,

  • un avocat, un analyste, ou même un juge dans certains cas.

C’est pourquoi la forme est aussi importante que le fond.
Un bon rapport ne se contente pas d’exposer des données — il raconte une enquête, structure une démonstration, et permet une prise de décision.


Les 4 principes d’un bon rapport OSINT

✅ Clair

Votre rapport doit être immédiatement compréhensible :

  • évitez le jargon technique, ou explicitez-le en notes.

  • privilégiez des phrases simples, des titres évocateurs, des schémas si nécessaire.

✅ Structuré

L’information doit suivre une progression logique :

  • d’abord le contexte,

  • puis la méthode,

  • ensuite les faits,

  • enfin les interprétations.

Un lecteur doit pouvoir "scanner" le document et comprendre en 2 minutes ce qu’il contient.

✅ Factualisé

Votre mission n’est pas de "raconter une histoire", mais de fournir des faits sourcés :

  • chaque information doit pouvoir être vérifiée,

  • les liens, captures, dates, et sources doivent être indiqués.

⚠️ Ne jamais manipuler une donnée pour la faire "coller" à votre hypothèse.
C’est une faute d’éthique.

✅ Accessible

Votre rapport doit pouvoir être lu par quelqu’un qui n’a pas suivi votre enquête pas à pas.
Cela suppose d’expliquer :

  • ce que vous avez cherché,

  • pourquoi vous avez utilisé telle méthode,

  • comment vous êtes arrivé à vos conclusions.


Structure recommandée : le modèle OSINT-FR

Ce modèle simple et efficace est adapté à la plupart des contextes d’enquête OSINT francophone. Il suit une logique en six blocs.

1. Introduction

  • Objet de la mission.

  • Périmètre de l’enquête.

  • Contexte général.

Exemple :
"Cette mission vise à collecter des informations publiques sur la société X, à la demande de Y, dans le cadre d’une due diligence avant partenariat."


2. Méthodologie

  • Outils utilisés (sans entrer dans le détail technique excessif).

  • Cadre légal et éthique respecté.

  • Limites connues de la recherche.

Exemple :
"Les recherches ont été menées entre le 5 et le 8 juin, en utilisant des outils open source (SpiderFoot OSS, Sherlock, moteurs de recherche avancés). Les données privées ou soumises à consentement n’ont pas été collectées."


3. Résultats

  • Liste brute des faits observés.

  • Sans interprétation ici : uniquement descriptif objectif.

Recommandation : utiliser des tableaux ou des puces pour structurer les résultats.


4. Analyse et interprétation

  • Mise en relation des données.

  • Éléments convergents, incohérences, signaux faibles.

  • Hypothèses raisonnables.

💡 C’est ici que votre valeur ajoutée d’analyste OSINT entre en jeu.


5. Conclusion et recommandations

  • Résumé synthétique.

  • Point d’attention ou de vigilance.

  • Propositions d’actions éventuelles.

Exemple :
"Sur la base des informations publiques collectées, il n’a pas été identifié de risque de réputation majeur. Toutefois, l’absence de visibilité sur les réseaux professionnels du dirigeant mérite un complément d’enquête."


6. Annexes

  • Captures d’écran.

  • Logs de requêtes.

  • URLs complètes.

  • Hashs de fichiers si nécessaire.

  • ID de compte sur les réseaux sociaux

📁 L’annexe est la mémoire technique du rapport.
C’est là que vous documentez votre rigueur, sans alourdir la lecture du corps principal.


Bonnes pratiques en rédaction

  • Orthographe irréprochable → utilisez un correcteur.

  • Polices sobres (Arial, Calibri, Roboto).

  • Couleurs lisibles → pas de jaune fluo sur fond blanc !

  • Un sommaire cliquable si votre rapport dépasse 5 pages.

  • Pensez à versionner vos livrables : Rapport_OSINT_EntrepriseX_v1.1.pdf


En synthèse

Un bon rapport OSINT n’est ni un roman, ni un audit technique.
C’est un document :

  • rigoureux,

  • clair,

  • exploitable,

  • traçable.

👉 Il doit pouvoir convaincre un décideur ET résister à un audit contradictoire.

"Un rapport OSINT, c’est le chaînon entre vos données et l’action. Soignez-le comme la dernière pièce d’un puzzle de vérité." 🧩📄